Certains comptent le bonheur en années, pour nous, c’est en matches. Officiellement, nous avons vibré, crié, hurlé, chanté, bougé, pleuré, transpiré, hué, encaissé, festoyé, guerroyé, résisté pendant 419 matches du Paris-SG. Entre le 30 janvier 2002 et le 15 mai 2010 nous avons été partout. De Lorient à Montpellier en passant par Ujpest, Boavista, Derry, Chelsea, Moscou, Athènes, Prague, Sochaux, Marseille, Monaco, Saint-Denis, Guingamp, Strasbourg, Brive, Bucarest et on en passe. Bus, train, J9, ferry, avion, stop, caisses, tout y est passé.

Certains disaient « les vachettes », d’autres les « Atks », entre nous, on disait « Le groupe ». Le pronom a son importance car pour nous c’était unique. On était 4 au départ, plus de 400 à l’arrivée. C’est l’histoire d’une envie née dans un escalier gris du Parc des Princes. C’était l’hiver, il faisait froid, on a allumé des cierges magiques et tout a commencé. C’était nous. C’était moi. C’était toi. C’était vous. On était là, ensemble, des anonymes avec des pseudos atypiques derrière lesquels se cachent des histoires, des vie, des gueules : Esprit, Gultra, Matou, Tagaz, Rulian, Totof149, Antoine, WTB, Gargus, Mimi, MacMastro, Jon, Guil92, Diego, El Barto, Vocer, Flutiste, Martin, Maël, Jumba, Arménien, Kirby, Sifoo, Titi, Sarah Croch, Naston, Chouchan, Amar, Sytchev, Masterjojo, Balise, Kiki, Pepito, 2ki, Anis, Puma, Billy, Harmonica, Mourad, Guil92, Mike, Seven, Camille Desmoulins, Thanou dit flèche puissante, Groken, Hooman, Marou, Mad Lyon, Ludo, Prass, Serviette, Rasta, Autiste, Quentin, Seb, Thibaut, Beubeu, Face de craie, Sebastino, Totor, Marco, Seb le pompier, Houssine, George, Troublemaker, Planta, Chabs, Artete, Plastic, ITK2000 et j’en oublie.

Les vachettes, c’étaient aussi les Tricards, le DP Crew, la barrière, les biberons, le Paris Ski Gang, les Juniors, la FG, Rachid et son ventilo, poney, la Zone X, la voile Avril, le tifo Barry White. Notre univers. Notre monde.
Difficile d’expliquer réellement ce qu’a représenté ce septennat. Tout n’a pas été si facile, surtout sur la fin. C’était aussi ça, le Parc des Princes. Une passion qui devient un sacerdoce. Mais plus de sept ans après le clap de fin officiel, on est encore là. Les liens demeurent car ils sont éternels. Des couples se sont formés donnant naissance à ce qu’il y a de plus beau au monde, des enfants. Au mariage des uns et des autres, le « Funky Group » est toujours représenté. En masse. Non pas par devoir mais parce qu’être frères de tribunes représente quelque chose. Là, dans l’allée d’un car, dans le froid d’une station service, dans un parcage visiteur humide, dans des réunions qui s'éternisent dans des bars de Paname et où, au final on ne décide rien, sont nés des sentiments indélébiles.

Quand les gens nous demandent d’expliquer ce que l’on a vécu, on a souvent peu de choses à leur dire, au fond. Seuls les présents savent en quelque sorte. Certains ont tatoué leur corps pour le groupe. C’est intime, un tatouage. C’était notre jardin secret. Notre monde. Notre famille. Une famille bien entourée, notamment par les Supras dont on a très vite été catalogué comme les « petits frères ». Il y a un peu de ça, oui. C’était une grande et belle famille. Et comme toutes les familles, on a fait de la route. Il fallait la voir, la « Funky family » en déplacement. Des chants remixés - « Mais qui a volé le slip de Guil 92 ? » sur l’air de « L’orange du marchand » -, des voyages à thèmes, Mourad oublié sur les toilettes d’une station service, les vomitos, les cigarettes magiques, les CR sur le forum puis dans Ganaderia, les rangées de cul, les photos bâches, les torches, les chaussures creusées, les chauffeurs, les stations qui n’ont jamais vu d’un bon œil nos arrivées massives, ça en fait des souvenirs.
Trop pour une seule vie.

Sept ans dans une vie, c’est peu et beaucoup à la fois. Mais ce qui est certain c’est que le groupe aura tout changé dans nos vies. Evidemment, tout n’a pas été parfait. Aucune histoire d’amour ne l’est jamais. Mais celle-là aura eu le mérite d’être sincère, fidèle, intense, exclusive et authentique. Parce qu’on était comme ça. Des jeunes cons amoureux d’un club, d’une ville et d’un stade. On venait de Paname, de banlieue et même de plus loin encore, pour se retrouver autour d’une cause commune sans penser au lendemain. Etudiant, chômeur, avocat, boulanger, ouvrier, prof, pompier, chauffeur-livreur, black, blanc, beur, asiatique, on représentait le grand Paris dans tout ce qu’il propose. Un vivre ensemble qui nous permettait d’avancer au quotidien. De nous affirmer. D’exister. Parce qu’on s’aimait, en fait. Et on s’aime toujours malgré tout. En regardant derrière nos épaules, constatant tout ce que l’on a perdu, on pourrait être rempli de colère mais non en fait.

Oui, on aurait aimé voir jouer Ibra, Neymar, Verratti, Pastore ou Cavani. Mais on a bandé avec Pauleta, Rothen, Kezman, Letizi, Reinaldo, Clément et Pichot. C’étaient nos soldats. Nos joueurs. Nos chèvres. Parce qu’on avait décidé que le PSG nous appartenait d’un point de vue sentimental. C’était fusionnel. Ca l’est toujours un peu mais de loin… Car toutes les bonnes histoires ont une fin. Ensuite, ce sont les souvenirs qui prennent le relais.

Pour nous, la lumière s’est éteinte un soir de mai 2010. Dans la colère d’un PSG-Montpellier qui clôturait une année 2010 affreuse. C’était il y a 7 ans. C’était hier. Le groupe n’a jamais vraiment cessé d’exister depuis. En témoigne cette marée humaine qui s’est embarquée sur une péniche pour voguer sur la Seine, un soir de mai 2012, pour fêter les dix piges d’un groupe sans activité officielle depuis plus de trois ans. On était tous là. Ou presque. Rien n’a bougé depuis.
On est toujours là. Ou presque. Parce que ce groupe a vécu en nous, par nous et pour nous. Et il perdurera de la même manière. En nous, par nous et pour nous. Parce que ce groupe, c’est nous.

Mathieu Faure

Pensées à Esprit, Gultra, Matou, Tagaz, Rulian, Totof149, Antoine, WTB, Gargus, Mimi, MacMastro, Jon, Guil92, Diego, El Barto, Vocer, Flutiste, Martin, Maël, Jumba, Arménien, Kirby, Sifoo, Titi, Sarah Croch, Naston, Chouchan, Amar, Sytchev, Masterjojo, Balise, Kiki, Pepito, 2ki, Anis, Puma, Billy, Harmonica, Mourad, Mike, Seven, Camille Desmoulins, Thanou, Groken, Hooman, Marou, Mad Lyon, Ludo, Prass, Serviette, Rasta, Autiste, Quentin, Seb, Thibaut, Beubeu, Face de craie, Sebastino, Totor, Marco, Seb le pompier, Houssine, George, Troublemaker, Planta, Chabs, Artete, Plastic, ITK2000, Djomby, Yann, Papy, Bipbip, Amel, Jeremos, Jordan, Guinou, Totti, Erkania, Renard, Matt, Viston, Normality, Paulo, Boboche, Pascaloo, Ninina, Zest, Dixa, Ienien, Coca, MomoDu93, Sebastien Folin, Foukets, Karim, Dan, Joul, Pecu, Josh, Stan, Hadrien, Adeline, Bimbim, Simba, Hypermocho, Yanny, Tchèque, Hugo, Buscape, Aurélie, Rudy, Bisounours, Alexis, Roberto, Aurélien, Orks, Orphé, Fabrice, Sups, Petrolan, Iroquois, Yannick, Amaury, Chupa, Cerise, Adrien, Ben, mini Mastro, Blondinet et tous les autres.

Merci aux traducteur·trice·s: Cécile, Céline et Chris.